Quand un de nos agriculteurs ose le pas!

Publié le 20 juillet 2012
Rédigé par 
Ecolo

Agriculture : le défi ’’Bio’’ à la ferme d’Hacquedeau

À 54 ans, Joseph Brasseur force l’avenir à rester devant lui. Son projet ambitieux de reconversion bio lui donne un nouvel horizon.
Interview

Ecolo : Joseph Brasseur, pouvez-vous nous camper le décor ?
Quel était le contexte avant de prendre la décision ?
Joseph Brasseur : Je suis issu d’une famille active dans l’agriculture depuis la nuit des temps. J’ai hérité de leurs méthodes traditionnelles que j’applique depuis 30 ans sur mes 76 hectares. Mes cultures vont du plan de pomme de terre à la betterave en passant par le maïs, le froment ou encore l’orge.
E : Changer après 30 ans, ce n’est pas rien ?
JB : J’avais déjà pris une décision importante il y a quelques années d’abandonner l’élevage bovin. Les crises et scandales successifs (mafia des hormones, dioxine, l’ESB) avaient déjà affaibli le marché.
E : Ici, le tournant pris pour la ferme d’Hacquedeau est plus fort encore ? Adopter l’agriculture bio va changer totalement votre quotidien ?
JB : Ce n’est pas un tournant « en épingle à cheveux ». Dans un souci de bonne gestion, je ferai plutôt suivre une courbe tout en douceur à la ferme. Par prudence, je commencerai donc avec 2 hectares. Ils me serviront d’expérience. Si ce ’’labo’’ est un succès, j’étendrai graduellement le bio à toute l’exploitation.
E : Pourquoi êtes-vous passé à ce mode de culture ?
JB : C’est le résultat d’un long cheminement suivi avec mon épouse. Le projet a muri lentement pendant plusieurs années. Je dirais qu’il a fini par s’imposer à nous naturellement, simplement parce qu’il cadrait davantage avec notre philosophie de vie. Nous étions déjà sensibles à l’environnement, aux énergies renouvelables, à la biodiversité. Cet état d’esprit nous a amenés à franchir le pas.
Par ailleurs, j’en avais assez de l’agrochimie. Les spécialistes qui vous rendent visite analysent vos cultures et incitent à corriger tel ou tel défaut, à éradiquer tel ou tel parasite mais c’est très vite l’engrenage. Vous en arrivez à user et abuser des solutions chimiques sans plus savoir exactement pourquoi. Et elles finissent aussi par vous couter une fortune. Je trouvais ça absurde et c’était une raison supplémentaire pour réfléchir au bio.
Je constatais également une perte de saveur dans mes légumes. Ils étaient sans goût.
E : Y a-t-il eu un facteur économique dans votre prise de décision ? Un critère de rentabilité ?
JB : Non, ce n’était pas l’objectif de raisonner sous cet angle. Je savais qu’entre l’agrochimie et l’agrobiologie la rentabilité était équivalente. Cette perspective me suffisait. C’est sûr qu’il y aura un investissement en matériel (bineuse, outils de sarclage, hersétrie,…) mais c’est calculé dans le plan.
E : Y a-t-il une aide des pouvoirs publics ?
JB : Oui, il y a des subsides comme pour l’agriculture traditionnelle bien que la Région Wallonne favorise de plus en plus l’agrobiologie.
Mais en dehors de des aides financières, pour l’agriculture bio, il devrait y avoir davantage de formations proposées par les services publics que ce soit dans l’enseignement professionnel ou en post-formation. Il y a un réel manque à ce niveau.
E : Mais alors, comment se former ?
JB : Il y a heureusement l’UNAB (l’Union Nationale des Agrobiologistes Belges). Cette fédération organise des réunions mensuelles où les agrobiologistes les plus expérimentés transmettent leur savoir aux nouveaux adhérents. C’est précieux.
E : Concrètement, comment ce projet va-t-il se mettre en place ?
JB : Les terres visées vont d’abord connaître une période dite de ’’reconversion’’ qui va durer 2 ans. Toutes les méthodes d’agriculture bio seront d’application mais comme le sol doit se purifier et retrouver toute sa composition naturelle (vers, bactéries, micro-organismes, …), il ne sera pas encore considéré comme « bio ». Les récoltes issues de ces terres durant ces 2 années n’intègreront pas le circuit des produits bios. Elles resteront dans le réseau de distribution traditionnel. Officiellement, ces champs seront bios le 31 mars 2013.
E : C’est presque un nouveau métier…
Disons qu’il faut réapprendre à connaître et travailler la terre. Il faut utiliser, par exemple, le compost.
E : Et tout ce processus est-il contrôlé ?
Oui, la traçabilité est complète. Chaque élément introduit dans la chaine doit être bio : les graines, le compost, les différents produits,…
E : Ces futurs champs bios sont-ils conçus et intégrés par rapport à leur environnement spécifique ?
JB : Oui. C’est tout un ensemble qui associe nos cultures à la biocénose du biotope.

 On nous stimule par exemple à planter des haies ;

 On abandonne aussi l’idée d’un champ ’’propre’’ sans aucune vie végétale entre les céréales ;

 Il n’y a plus de terres ‘’nues’’. Mais une succession de cultures (légumes, céréales, maïs, …) et de plantes qui enrichissent le sol (trèfle, lupin, phacélie, etc…). C’est ce qu’on appelle la culture dérobée.

 Il n’y a plus de monocultures. Elles appauvrissaient le sol.
E : Cultiver bio, cela implique aussi de connaître la filière en amont (fournisseurs) et en aval (clients) ?
JB : Effectivement, je rentre dans un nouveau monde dont j’ignore encore les rouages. J’ai deux ans pour découvrir cela. Il est clair que les interlocuteurs seront différents.
Mais j’ai confiance. Je pense qu’écologie et économie doivent aller de paire si on veut travailler sur le long terme. Créer un revenu écologique n’empêche pas d’obtenir un revenu économique.
Mais en dehors de des aides financières, pour l’agriculture bio, il devrait y avoir davantage de formations proposées par les services publics que ce soit dans l’enseignement professionnel ou en post-formation. Il y a un réel manque à ce niveau.
E : Mais alors, comment se former ?
JB : Il y a heureusement l’UNAB (l’Union Nationale des Agrobiologistes Belges). Cette fédération organise des réunions mensuelles où les agrobiologistes les plus expérimentés transmettent leur savoir aux nouveaux adhérents. C’est précieux.
E : Concrètement, comment ce projet va-t-il se mettre en place ?
JB : Les terres visées vont d’abord connaître une période dite de ’’reconversion’’ qui va durer 2 ans. Toutes les méthodes d’agriculture bio seront d’application mais comme le sol doit se purifier et retrouver toute sa composition naturelle (vers, bactéries, micro-organismes, …), il ne sera pas encore considéré comme « bio ». Les récoltes issues de ces terres durant ces 2 années n’intègreront pas le circuit des produits bios. Elles resteront dans le réseau de distribution traditionnel. Officiellement, ces champs seront bios le 31 mars 2013.
E : C’est presque un nouveau métier…
Disons qu’il faut réapprendre à connaître et travailler la terre. Il faut utiliser, par exemple, le compost.
E : Et tout ce processus est-il contrôlé ?
Oui, la traçabilité est complète. Chaque élément introduit dans la chaine doit être bio : les graines, le compost, les différents produits,…
E : Ces futurs champs bios sont-ils conçus et intégrés par rapport à leur environnement spécifique ?
JB : Oui. C’est tout un ensemble qui associe nos cultures à la biocénose du biotope.

 On nous stimule par exemple à planter des haies ;

 On abandonne aussi l’idée d’un champ ’’propre’’ sans aucune vie végétale entre les céréales ;

 Il n’y a plus de terres ‘’nues’’. Mais une succession de cultures (légumes, céréales, maïs, …) et de plantes qui enrichissent le sol (trèfle, lupin, phacélie, etc…). C’est ce qu’on appelle la culture dérobée.

 Il n’y a plus de monocultures. Elles appauvrissaient le sol.
E : Cultiver bio, cela implique aussi de connaître la filière en amont (fournisseurs) et en aval (clients) ?
JB : Effectivement, je rentre dans un nouveau monde dont j’ignore encore les rouages. J’ai deux ans pour découvrir cela. Il est clair que les interlocuteurs seront différents.
Mais j’ai confiance. Je pense qu’écologie et économie doivent aller de paire si on veut travailler sur le long terme. Créer un revenu écologique n’empêche pas d’obtenir un revenu économique.